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Transition énergétique

La Ville des Lilas, soucieuse de participer à la préservation d’un environnement sain, mène une réflexion sur le développement des énergies renouvelables de son territoire, en partenariat avec l’EPT Est Ensemble.

Des panneaux solaires aux Lilas

La Ville des Lilas a été la première du territoire d’Est Ensemble à accueillir des panneaux solaires, financés et gérés par une coopérative citoyenne. Cette installation solaire a vu le jour lors des vacances scolaires estivales de 2019, sur les toits de l’école Waldeck Rousseau.

Cette énergie propre est revendue au fournisseur français Enercoop. Cette centrale photovoltaïque d’origine citoyenne est l’une des premières en Ile-de-France et a pu voir le jour grâce aux financements de la Région, d’Est Ensemble, de la Ville des Lilas (qui a également mis à disposition le toit de l’école et facilité les travaux) et le soutien du Département de la Seine-Saint-Denis.

Le projet de géothermie

En parallèle et toujours dans l’objectif d’être moins dépendante des énergies fossiles, la commune a lancé son projet de géothermie. Aux côtés de la société SIPPEREC et de l’EPT Est Ensemble, mais également des villes voisines (Pantin, Le Pré Saint-Gervais et Romainville), la Ville des Lilas s’apprête bientôt à alimenter un très grand nombre de foyers grâce à cette source de chaleur propre, durable et inépuisable.

La géothermie consiste à récupérer l’énergie que la Terre produit naturellement dans ses profondeurs en pompant les eaux chaudes contenues dans le sous-sol. C’est une énergie « propre », renouvelable, quasi inépuisable.

La Terre est composée de plusieurs couches : la croûte terrestre d’une épaisseur de 30 à 60 km, constituée de roches dont certaines sont radioactives, puis le manteau, et enfin, au cœur, le noyau. Plus on s’enfonce sous la surface, plus la chaleur augmente. A 4 km de profondeur, les roches peuvent atteindre 150°C. Cette chaleur est due principalement à la désintégration de la radioactivité des roches et, dans une moindre mesure, au refroidissement du noyau de la Terre qui, à plus de 6000 km de la surface, atteint 4200°C. La géothermie consiste à récupérer cette chaleur produite naturellement par la Terre pour produire du chauffage et de l’eau chaude sanitaire. Il existe différents types de géothermies selon la profondeur à laquelle la chaleur est puisée. Au-delà de 400m, on parle de géothermie profonde. C’est un projet de ce type qui est mis en œuvre aux Lilas.

Entre 1500 et 2000 m sous la surface de l’Ile-de-France, en particulier dans l’Est parisien, se trouve le Dogger. C’est un « aquifère », c’est-à-dire une couche géologique, calcaire en l’occurrence, qui renferme de l’eau que l’on peut extraire. Très chargée en minéraux, cette eau est non potable et très corrosive. Sa température varie de 55 à 85°C selon les endroits. Pour amener l’énergie en surface, l’eau chaude souterraine est extraite grâce à la technique du doublet géothermique qui consiste à faire fonctionner deux puits de forage : un puits d’extraction de l’eau chaude (production) et un puits d’injection. Le puits de production extrait l’eau chaude du Dogger. Celle-ci passe par un échangeur de chaleur qui récupère son énergie thermique et la transfère à l’eau du réseau de chauffage urbain. Refroidie, l’eau de forage est ensuite renvoyée dans le Dogger via un puits d’injection. Ce n’est donc pas l’eau extraite du sol, trop corrosive, qui est distribuée dans le réseau de chauffage urbain de la ville mais une eau propre et non polluante qui a été réchauffée par l’eau souterraine. Ce réseau transporte l’eau vers des sous-stations réparties dans la ville qui, à leur tour, vont transférer la chaleur vers l’eau des circuits de chauffage des bâtiments. Et c’est ainsi que la chaleur de la Terre arrive jusque dans les logements !

Le projet de géothermie porté initialement par les villes des Lilas, du Pré Saint-Gervais et de Pantin avant d’être rejoint est accompagné par le SIPPEREC, Syndicat Intercommunal de la Périphérie de Paris pour les Énergies et les Réseaux de Communication, qui a déjà mené plusieurs projets similaires, dont celui de Grigny-Viry mis en service en 2017. Il est subventionné à hauteur d’environ 1/3 par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) et la Région Île-de-France.

Les études menées ont conduit à décider de créer une seule centrale géothermique pour produire la chaleur nécessaire aux quatre villes, et de l’implanter aux Lilas, l’emplacement le plus favorable par rapport au Dogger. La centrale est dimensionnée pour alimenter les 4 villes. C’est pourquoi elle comportera quatre puits de forage : deux puits de production qui iront chercher l’eau du Dogger à 1700m de profondeur et deux puits de réinjection qui la renverront refroidie dans le Dogger. Les puits sont forés en diagonale et non à la verticale. En effet, pour que l’eau réinjectée ne refroidisse pas le réservoir d’eau souterraine, les points de prélèvement et de réinjection doivent se trouver à 1 km minimum l’un de l’autre. La température de l’eau puisée aux Lilas est de 57°C. Une température suffisante pour assurer la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire, sauf par période de grand froid, en décembre et janvier, où une chaudière d’appoint reste nécessaire.

Pour mener l’eau de la centrale jusqu’aux logements, un réseau de canalisations calorifugées de 21 km, dont environ 6 km aux Lilas, est actuellement en cours d’installation. Si la technique est aujourd’hui maîtrisée et répandue en France où existent environ une centaine d’opérations de géothermie, réaliser des forages aussi profondément dans le sous-sol n’en reste pas moins une prouesse technique.

La géothermie est une énergie « propre ». Elle ne requiert pas de combustion, elle ne rejette donc pas de CO2 dans l’atmosphère, au contraire des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole). Elle n’a donc aucun impact sur l’effet de serre et le réchauffement climatique. Elle ne produit pas de déchets difficiles à gérer, contrairement à l’énergie nucléaire. Elle est renouvelable puisque la Terre produit cette chaleur de façon naturelle et permanente. Elle n’est pas limitée, contrairement aux énergies fossiles dont l’épuisement des stocks est inévitable, elle est même considérée comme inépuisable puisqu’elle est liée au fonctionnement interne de la Terre dont la durée de vie se chiffre en milliards d’années.

De plus, cette énergie locale garantit l’indépendance énergétique puisqu’il n’est pas besoin de l’acheter à l’extérieur, comme c’est le cas pour le pétrole ou le gaz. Mais contrairement aux énergies renouvelables telles que le vent et le soleil, elle est fiable et continue : elle ne dépend pas des conditions météorologiques. Le projet de géothermie permettra d’éviter le rejet de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère.

Comme le vent ou le soleil, la géothermie est une énergie gratuite, hormis les investissements liés à sa production. Son prix n’est pas impacté par les fluctuations des marchés mondiaux et présente donc une garantie de stabilité. Le réseau de géothermie permettra de se chauffer en hiver et d’avoir de l’eau chaude sanitaire toute l’année, à un prix stable et maîtrisé. L’énergie représente une part importante du budget des familles. Avec les augmentations récentes, un·e Français·e sur cinq déclare avoir froid dans son logement. Le réseau de géothermie permettra de faire des économies sur les factures énergétiques, pour les habitant·es et pour les communes, et de réduire la précarité énergétique.

Le réseau de géothermie desservira tous les quartiers. Un premier tracé de 21 km a été esquissé, il sera confirmé avec les entreprises désignées pour le réaliser. Il devra en effet tenir compte des contraintes locales, des infrastructures déjà en place, s’intégrer aux réseaux déjà existants. La géothermie desservira essentiellement l’habitat collectif. Compte tenu des coûts de raccordement au réseau, elle n’est en effet pas rentable pour l’habitat individuel. Selon les premières estimations, plus de 20 000 équivalents logements devraient être raccordés à la géothermie en 2026 sur les quatre villes, dont 4 600 aux Lilas. Les équipements de la ville – gymnases, écoles, piscine… – seront également reliés.

L’éclairage : un enjeu majeur

La Ville a également souhaité travailler sur ses sources lumineuses. Ainsi, les systèmes de type LED remplacent peu à peu les anciennes sources, plus consommatrices et moins performantes, aussi bien dans les bâtiments que sur l’espace public.

La Ville, consciente des problèmes de santé pouvant être occasionnés par ces sources lumineuses, a préalablement fait tester et valider le matériel par le CSTB.